Le changement climatique accroît le risque d'épidémies en Afrique
Gabriel Mabikina a passé la majeure partie de ses 80 ans dans la ville portuaire animée de Pointe-Noire, en République du Congo.
L'homme d'affaires à la retraite, leader communautaire, a remarqué de nombreux changements dans sa ville.
« Dans les quartiers, il y a beaucoup de moustiques », a récemment déclaré M. Mabikina aux agents de santé. « Beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de moustiques ».
Suite à la déclaration d’une épidémie de fièvre jaune en République du Congo en août 2018, M. Mabikina a fait partie du million de personnes ayant été vaccinées lors d'une campagne de vaccination contre la maladie en septembre.
Les observations de M. Mabikina sur la profusion de moustiques sont corroborées par des enquêtes, menées dans la zone concernée, qui révèlent de fortes densités d'Aedes aegypti, le moustique vecteur de la fièvre jaune.
Dans toute l'Afrique, des maladies transmises par des insectes suceurs de sang - y compris les tiques, les puces et les phlébotomes ainsi que les moustiques - émergent et réapparaissent, et la fréquence de signalement des épidémies s’est accrue »..
Il est de plus en plus évident que le changement climatique - outre les mouvements de population et la planification urbaine déficiente - contribue à ces crises de santé publique qui imposent d'énormes charges socio-économiques aux populations vulnérables des pays à faibles revenus. Ce fardeau risque de compromettre la capacité de nombreux pays à atteindre les objectifs de développement durable d'ici 2030.
« Les épidémies, les urgences sanitaires et la faiblesse des systèmes de santé non seulement coûtent des vies humaines, mais représentent aussi certains des plus grands risques pour l'économie et la sécurité mondiales auxquels nous sommes aujourd'hui confrontés », a déclaré le Dr Ibrahima Socé Fall, Directeur des urgences de l'OMS en Afrique. L'OMS présentera une session spéciale sur la sécurité sanitaire mondiale et la sécurité environnementale à la troisième Conférence interministérielle sur la santé et l'environnement à Libreville (Gabon) le 8 novembre 2018. « Il est absolument vital que les responsables africains de la santé publique élaborent des stratégies solides pour réduire la vulnérabilité de la population aux menaces sanitaires liées au climat et accroître sa résilience ».
Selon le « 1.5 Health Report », qui est une synthèse du contenu santé du rapport spécial sur le réchauffement de la planète de 1.5°C du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) : « Il existe des preuves solides que l'évolution des conditions météorologiques associés au changement climatique modifient l'étendue géographique, le caractère saisonnier et l'intensité de la transmission des maladies infectieuses liées au climat ».
Le rapport note ensuite que le changement climatique peut également exposer davantage de personnes à d'autres maladies infectieuses, y compris d'autres maladies transmises par les insectes comme le paludisme et la dengue et des maladies d'origine hydrique comme le choléra, la typhoïde et les hépatites.
Outre l'impact des maladies infectieuses, le changement climatique présente d'autres risques pour la santé en raison de l'augmentation des inondations et de l'élévation du niveau de la mer, de la réduction de la qualité et de l'insécurité alimentaire.
En réponse aux menaces croissantes pour la santé liées au climat, les États membres de la région Afrique ont adopté en 2016 la Stratégie régionale pour la sécurité sanitaire et les situations d'urgence qui, avec le Règlement sanitaire international, vise à renforcer les capacités des pays à détecter, prévenir et répondre aux urgences sanitaires publiques. Entre-temps, à Pointe-Noire, M. Mabikina s'est déclaré très heureux de la campagne de vaccination.
« Je me sens vraiment protégé », dit-il. « J'ai confiance en ce vaccin que j'ai reçu. »